Canada
Ambassador to the US Michael Kergin
Speech to the Conseil des Relations internationales de Montréal
Intercontinental Hotel
Montreal, Quebec
October 4, 2001
Pierre Lemonde (General Manager, Conseil des Relations Internationales de
Montréal): Il me fait extrêmement plaisir au nom du Conseil
des Relations internationales de Montréal et du World Trade Centre Montréal
de vous présenter notre conférencier d'aujourd'hui. C'est dans
le cadre d'une minisérie que nous avons appelée « Les relations
Canada / États-Unis » que monsieur Michael Kergin, ambassadeur
du Canada aux États-Unis nous entretiendra des perspectives de Washington
sur les relations entre le Canada et les États-Unis.
Dans le cadre de cette série et pas plus tard que la semaine dernière,
nous avons reçu CRIM et World Trade Centre son Excellence Paul Cellucci,
l'ambassadeur des États-Unis au Canada qui nous a parlé tout en
tenant compte bien sûr des événements tragiques du 11 septembre
dernier et notamment de la question de la sécurité aux frontières
et nous a expliqué pourquoi il pensait que le Canada et les États-Unis
devaient avoir des objectifs communs de libre-échange. J'ai donc très
hâte d'entendre monsieur Kergin sur les mêmes questions de sécurité,
de frontières et de libre-échange entre le Canada et les États-Unis.
Je tiens à souligner d'autre part qu'il nous fera plaisir de collaborer
à nouveau avec le World Trade lors de futurs événements
comme celui-ci qui ne manqueront sûrement pas de se présenter puisqu'il
existe une synergie naturelle entre nos deux organisations du fait que les relations
internationales sont de plus en plus marquées par les relations économiques
et commerciales entre les états.
Notre conférencier, monsieur Michael Kergin, est né dans un hôpital
militaire canadien à Bramshott en Angleterre le 16 avril 1942. Monsieur
Kergin obtient en 1965 un baccalauréat spécialisé en histoire
et langues de l'Université de Toronto et en 1967, une maîtrise
en économie du Collège Magdalen de l'Université d'Oxford.
Il entreprend sa carrière dans la fonction publique en 1967 en entrant
au ministère des Affaires Extérieures du Canada comme agent du
service extérieur. A l'étranger, il est affecté notamment
à New York auprès de la mission du Canada aux Nations Unies puis
il se rend au Cameroun et au Chili. Il est ambassadeur à Cuba de 1986
à 1989 et il sera affecté deux fois à Washington avant
d'y être nommé comme ambassadeur.
A Ottawa, monsieur Kergin a occupé divers postes au Ministère
des Affaires étrangères. De 1984 à 1986, il est adjoint
ministériel principal de Joe Clark, alors secrétaire d'État
aux Affaires extérieures. En 1994, il devient sous-ministre adjoint chargé
des affaires politiques et de sécurité internationales. Il est
ensuite nommé sous-ministre adjoint, chargé des Amériques
et des affaires de sécurité et de renseignements. Il occupera
ce poste jusqu'en 1998 au moment où le Premier Ministre, Jean Chrétien,
lui demande alors de devenir son conseiller en politique étrangère
ainsi que Secrétaire adjoint du cabinet à la politique étrangère
et de défense, ce qui est l'équivalent canadien du conseiller
pour la sécurité nationale aux États-Unis.
C'est donc le 19 octobre de l'année 2000 que monsieur Kergin a présenté
ses lettres de créances au président américain Bill Clinton
devenant ainsi le 19e représentant du Canada aux États-Unis. Monsieur
Kergin est marié à Margarita Fuentes Kergin et ils ont trois fils.
Alors mesdames et messieurs, l'ambassadeur du Canada auprès des États-Unis
d'Amérique, son Excellence Michael Kergin.
Michael Kergin: Merci beaucoup, monsieur Lemonde, pour cette aimable
présentation. Je disais à madame la Consule Générale
des États-Unis que j'ai eu la bonne chance quand j'étais à
Ottawa la semaine passée, vers minuit, dans la nuit en regardant la télévision,
surfing comme on dit, tout d'un coup, je vois l'Ambassadeur Cellucci sur le
système qui donnait justement son discours devant vous la semaine passée.
Grand avantage parce que je crois comprendre que le texte qu'il a livré
était plutôt spontané et que le texte écrit était
évidemment ce qui a été circulé. Donc j'ai eu l'avantage
de voir ce qu'il a dit viva voce devant vous et j'avoue, madame la consule,
que je partage complètement tout ce qu'il a dit. Alors ça va être
difficile à trouver de la lumière entre nous deux mais en tout
cas, je vais faire mon discours et vous serez tous le juge.
Mesdames, messieurs, distingués invités, c'est pour moi un véritable
honneur que d'être parmi vous aujourd'hui à Montréal. Montréal
jouit d'une réputation mondiale. Elle est reconnue aux États-Unis
et dans le monde entier comme une plaque tournante du commerce international.
J'aimerais vous faire part de mes réflexions au sujet des relations entre
le Canada et les États-Unis. C'est une préoccupation importante
pour les Canadiens bien sûr et elle est particulièrement pertinente
compte tenu des événements tragiques survenus le mois dernier.
Les images du 11 septembre 2001 demeureront gravées dans nos mémoires.
Le monde a changé à la suite de ces actions odieuses. Une question
se pose clairement aujourd'hui dans l'esprit de nombreux Canadiens. Quelles
seront les incidences de ce changement sur les relations entre les États-Unis
et le Canada?
There is a clear question at the forefront of many Canadian minds today. How
will the changes following the events of September 11th affect the relationship
between the United States and Canada? Well, I can say that there certainly has
been a strong change in the political mood in the United States. The Administration
and Congress have embraced a solemn sense of purpose and determination. Republicans
and Democrats, at least for the time being, in their resolve are united to respond
as one nation to these heinous acts.
Having been an eyewitness to the smoke arising from the Pentagon, I can tell
you that our neighbours, like all citizens of free and democratic nations, have
been criminally wronged by the tragic events of September 11th. Peoples and
governments around the world are struggling to come to terms with what these
events mean for their security, for their economies and for their families,
and Canadians are no different. On a personal note, last Saturday, I was with
the Prime Minister and the leaders of Canada's political parties as they toured
ground zero in New York City and as leaders, they all grieved with the relatives
of the Canadian victims.
In assessing the future of Canada / U.S. relations, I'm reminded of a perceptive
statement by Prime Minister Louis St-Laurent in 1947. At a time when the world
was contemplating the way forward in the aftermath of World War II, he said
our neighbour is "a state with purposes and ambitions parallel to ours.
We are like farmers whose lands have a common concession line. We think of ourselves
as settling from day to day questions that arise between us without needing
to dignify the process with the word 'policy'".
I would not describe the shared underlying philosophy of our partnership any
differently today than St-Laurent did more than 50 years ago. We continue to
enjoy a close friendship and a remarkable degree of integration between our
two societies. We have a long-standing tradition of defence and security cooperation.
We share the benefits of the largest trading relationship in the world and we
agree on most of the important trade and foreign policy principles, especially
the primacy of the rule of law, democracy and the merits of free trade.
The Canada / U.S. philosophy is as steadfast today as ever but the context in
which our partnership exists has become tragically different since September
11th. We are facing a long-term struggle to protect a way of life which many
of us had taken too much for granted. Now we must work hard to maintain our
open and multicultural societies against the threat of terrorism. This will
be quite a test and teamwork will be the name of the game in rising to the challenge.
To use a hockey analogy, what we call our defencemen, those agencies responsible
for ensuring the safety of our borders must skate closely with the forwards,
those players dedicated to facilitating the movement of goods and services across
our borders. So they, our forwards, can continue to score their economic goals.
I believe the key to success will be ongoing cooperation and compatibility between
regulatory and enforcement agencies on both sides of the border. The federal
government and the embassy in Washington will be focusing on a number of short-term
and long-term priorities to ensure that this is the case. In the short-term,
the Canadian government has already taken action and will continue to do so,
using diplomatic, legal, financial and military resource assets in Canada so
that terrorist action groups #151; assets of terrorist groups have been frozen.
Legislation is being introduced to ensure that terrorist groups cannot raise
money in Canada. Security measures at Canadian airports have been strengthened.
Strengthened intelligence sharing, already at a high level, has been enhanced.
The RCMP and CSIS have continued to build on their connections with U.S. security
intelligence and law enforcement agencies, unparalleled by any other country.
As the United States Attorney General John Ashcroft said following his meeting
with the Solicitor General, Lawrence MacAulay, on Tuesday in Washington and
I quote, "The vital assistance that the Royal Canadian Mounted Police are
providing to the United States investigators builds on a foundation of excellent
law enforcement cooperation, something both authorities depend upon in the ordinary
course of our relationships. Sometimes before we could ask, the Canadians were
already cooperating to do what they knew to be necessary in order for us to
succeed against terrorism."
In the days and weeks following the terrorist attacks, the Canadian Office of
Critical Infrastructure and Emergency Preparedness and the U.S. Federal Emergency
Management Agency, FEMA, smooth the way for more efficient cooperation in the
course of the crisis. In the weeks and months to come, Canada will work closely
with Governor Tom Ridge from the neighbouring state of Pennsylvania. The governor's
new mandate, Homeland Security, cuts across the entire range of U.S. security
agencies in order to enhance coordination and effectiveness.
On the Canadian side, the Minister of Foreign Affairs, John Manley, will lead
a new cabinet committee on antiterrorism. As Mr. Manley said on Tuesday, "The
priority is to review the status quo, to look at the series of measures that
are in various stages of preparation including regulations that will reflect
the U.N. Security Council resolution on terrorism and then to look at our longer
term objectives and make recommendations to cabinet for resource allocations."
When Prime Minister Chrétien met President Bush recently in Washington,
he specifically emphasized in his discussions at the White House that terrorism
must not be allowed to threaten our economic security. The president agreed
wholeheartedly.
In the long term, a fundamental part of my job as your ambassador in Washington
will be to ensure that question marks on the border don't post dollar signs
in the board room. As members of the World Trade Centre in Montreal and as the
Conseil des Relations Internationales de Montréal well know, there is
a trade flow Cdn. $1.9 billion a day between our countries. Nowhere else in
the world will you find such a productive level of dynamic interaction. The
economic welfare of industries and workers, indeed of entire regions, is built
on cross-border economic cooperation and complementarity, but we saw on the
days following the attacks what border congestion can do to just-in-time delivery
schedules. Production plants were suffering costly, albeit temporary, shutdowns
on both sides of the border.
Our governments have worked hard over the years to minimize cross-border transaction
costs. Should this ease of access not be sustained, manufacturers will simply
move their operations in one direction: south. Should our exporters not be able
to count on predictable and rapid access, their costs will rise well above those
of their competitors in the U.S. marketplace and they will simply be priced
out of the market.
The potential downside of border mismanagement is not a pretty picture, but
it is my firm belief that effective border facilitation reinforces our mutual
security. I'm here to make the case that especially in the wake of the September
11th attacks, we should continue to pursue the goal of improving the movement
of legitimate people and goods across our border. Not to do so would be to hand
the terrorists their victory, a restricted society and a weakened economy. The
border agencies, the defencemen of both countries, will of course confront the
many challenges to protect national security objectives, but intelligently so
as to maintain and expand the huge volumes of our irritant-free trade.
The Americans are on the same page as us in this regard. We are both free and
open societies and we are confronting the post September 11th era together.
As President Bush's national security advisor, Condoleeza Rice, said in a September
24th interview with CBC Newsworld, "Ours is an extraordinarily important
trading relationship, the United States' most important trading relationship.
We can't sink the economies here because of border security concerns."
She added, quote, "We have to be vigilant as populations to the fact that
there is a threat of terrorism but we also don't want the terrorists to win
by changing who we are." No Canadian could have said it better than that.
Les succès du Québec dans le domaine de l'aéronautique,
des télécommunications, des technologies de l'information et de
l'énergie sont tributaires d'un accès permanent aux marchés
et aux investissements américains. Il est important que cet accès
ne soit pas limité suite aux terribles événements qui ont
bouleversé le monde. L'admiration de la sécurité de notre
frontière commune exigera des efforts, de la persévérance
et des moyens financiers, mais il serait infiniment plus dommageable à
long terme de ne pas tenir compte de cette question essentielle. Tous ceux qui
franchiront les frontières devront s'attendre à une application
plus rigoureuse de la réglementation en vigueur.
A l'instauration d'une système de communication plus efficace et plus
rapide des renseignements aux autorités douanières de même
qu'une plus grande utilisation de la technologie à nos points d'entrée,
la solution du problème est de savoir comment gérer le risque.
Il faudrait distinguer ce qui présente un risque faible, ça veut
dire ceux qui ont déjà démontré le respect des lois
dans le passé de ceux qui présentent un risque élevé.
Les voyageurs et les marchandises présentant un risque élevé
devraient faire l'objet d'instructions plus poussées tandis que les voyageurs
et les marchandises à faible risque seront traités rapidement.
Pensez aux ressources qui pourraient être alors dégagées
pour cibler le trafic illicite.
Ce que j'appelle une zone de confiance englobant notre espace nord-américain
commun qui tiendrait à l'écart les éléments indésirables
tout en facilitant la circulation interne réduirait les mouvements illégaux
dirigés vers nos pays tout en atténuant les pressions exercées
sur les frontières internes.
Pour illustrer l'importance de sauvegarder la confiance en la sécurité
de nos frontières internes, une importance qui est primordiale pour les
exportations du Québec, prenons à titre d'exemple le secteur de
l'énergie. Depuis le 11 septembre, les États-Unis sont beaucoup
plus attentifs à la sécurité énergétique.
La politique de l'administration Bush en matière de sécurité
énergétique reconnaît l'importance de l'énergie canadienne
pour son économie. Ainsi elle évoque expressément la nécessité
d'aborder la question des contraintes en matière de transmission d'électricité
en provenance de ses voisins du nord.
Sans électricité québécoise, la production interne
ne suffit pas pour répondre à la demande du nord-est des États-Unis.
Notre rôle à l'ambassade du Canada est de nous assurer qu'au moment
où la question de sécurité interne, the so-called Homeland
Security agenda in the United States, devient de plus en plus importante à
Washington. Les exportations québécoises d'électricité
continuent à jouer un rôle tout aussi essentiel que celui qu'elles
ont joué dans le passé. Il sera donc primordial d'investir dans
les infrastructures essentielles pour assurer la sécurité de l'approvisionnement
d'électricité. Ainsi le contexte a peut-être changé,
mais la logique demeure la même.
Au cours des prochains mois, la lutte antiterroriste dominera les relations
internationales et influera considérablement sur la politique étrangère
canadienne. Cette lutte modifiera nos relations et nos priorités. Des
approches multilatérales qui ont toujours été un élément
fondamental de la politique canadienne ont pris une importance capitale, même
à Washington.
Sur le plan international, les principes qui nous unissent dans la lutte contre
le terrorisme demeurent clairs, à savoir des principes fondamentaux de
décence, de démocratie et de liberté. Sur le plan interne
cependant, nos gouvernements ont parfois été obligés malheureusement
de réaffirmer ce que nous devons tous prendre pour acquis : la tolérance
et le respect sont des valeurs essentielles au sein de nos sociétés.
Montréal illustre bien ces valeurs à de nombreux égards.
En effet, sa diversité est devenue sa force.
La lutte contre le terrorisme doit englober tout notre hémisphère.
Elle est au centre de notre engagement à assurer la démocratie.
Cela a été énoncé lors du Sommet des Amériques
à Québec en avril. Notre défi consiste à veiller
à ce que, par leurs politiques et leurs actions, les gouvernements soient
à la hauteur tant au niveau des politiques économiques que des
politiques sociales, ce qui créera un contexte propice à l'épanouissement
des valeurs démocratiques.
De fait, cet engagement a justement été réitéré
le 11 septembre par l'adoption d'une charte de la démocratie au cours
d'une assemblée générale extraordinaire des pays membres
de l'Organisation des États américains à Lima, Pérou.
NATO has also stepped up its alliance responsibilities in the pursuit of those
who seek to destroy our shared values, values based on freedom and the rule
of law. For the first time in its history, NATO authorized collective action
under article 5 of the charter. This article states that an attack on one is
an attack on all members of the alliance. A practical consequence of this decision
has been enhanced intelligence sharing and heightened military preparedness.
The major international task for Canada in the coming year will be the presidency
of the G8, the group of eight countries, culminating with a summit in Kananaskis,
Alberta in June. Next year, the G8 summit presents enormous challenges. The
last meeting in Genoa decided to address the problems of Africa as the group's
principal priority. While leaders will now need to consider the urgent and complex
challenges of global terrorism, they will not allow terrorists, however, to
distract them from dealing with the world's most pressing issues such as the
plight of Africa.
The G8 agenda will also include economic issues given the current uncertain
nature of the global economy, regional conflicts and poverty. The impact of
globalization is deeply resented by many civil and not-so-civil groups. Doubtlessly,
their voices will be heard in the event of the summit. How much more effective
for them and for G8 governments if their views can be factored into the planning
phases before the summit.
It is clear that the global community faces a grave test but there are encouraging
signs. Far from doing it alone, the United States has reached out to its partners
around the world to meet head on the challenges that we all face and Canada
will remain among the closest of partners.
Let me conclude by reiterating that although much changed on September 11th,
the fundamental features of the Canada / U.S. relationship remain recognizable
and comfortably solid. We will continue, as Prime Minister St-Laurent said 54
years ago, to do business with the United States of America pragmatically, with
neighbourly respect and one step at a time. Our objectives also remain the same:
to prosper within our North American zone of confidence.
Thank you very much for your attention and I would be very pleased to answer
some questions.